L'évolution métaphysique d'une expatriée ou "La métaphysique des tubes"

Aujourd'hui la rédaction du Journal des Lycéens souhaite vous faire redécouvrir le célèbre roman d'Amélie Nothomb La métaphysique des tubes paru en 2000 et édité chez Albin Michel. Il s'agit dans une autobiographie. L'exubérante Amélie Nothomb nous présente les trois premières années de sa vie, passées au pays du soleil levant. L'histoire se déroule dans une ambiance encore profondément marquée par le spectre de la seconde guerre mondiale, à la fin des années soixante. Ici la rancœur envers l'occidental colonisateur contraste avec la magnificence du paysage nippon.   "La métaphysique des tubes". Amélie Nothomb Au commencement, la petite Nothomb ne bouge pas, ne pleure pas : sa vie rime alors avec déglutition, digestion et excrétion. Ses parents (le père est un diplomate belge et la mère est une femme au foyer) la surnomme "La plante" bien que l'auteure s'assimilerait plus à un tube. Elle comprend alors qu'elle est Dieu mais qu'elle ne le restera pas ad vitam aeternam (les enfants en bas âge étant vénérés au Japon). Selon Amélie Nothomb, la personne naît réellement le jour où il lance son premier regard (elle naîtra une seconde fois à deux ans et demi). Elle subit une réelle révélation lorsque sa grand-mère lui apporte du chocolat blanc de Belgique. C'est la première fois qu'elle goûte à cette inégalable douceur enivrante. Elle sort alors de son mutisme et commence à vivre pleinement. Elle observe curieusement et analyse tout ce qui l'entoure. Cet intérêt pour la vie va la confronter (physiquement) à des thèmes tels que la mort, l'éphémère, l'apprentissage de la lecture et de la parole, et la nature. L'écrivaine nous emporte ici dans les méandres de son intériorité de petite fille et s'y prend magnifiquement grâce à un style sans fioritures et à un vocabulaire bien choisi. Amélie Nothomb est à mon sens l'une des ambassadrices les plus sérieuses de la langue française. Je terminerai en citant Albert Sebag du Point qui avait très justement dit que cette histoire aurait pu être pensée "par une Comtesse de Ségur qui aurait fauté avec Marcel Proust". Amélie Nothomb est une romancière belge née en 1966. Elle a vécu de nombreuses années au Japon mais aussi en Birmanie, à Pékin, à New York et au Bangladesh. Elle commence à écrire en 1992 avec la parution de son premier ouvrage Hygiène de l'assassin. Elle remporte le Grand Prix de l'Académie française pour son roman Stupeur et tremblements en 1999. Cette autobiographie fictive a été adaptée au cinéma en 2003 avec Sylvie Testud dans le rôle d' "Amélie San".  Amélie Nothomb est revenue sur la scène littéraire l'année dernière avec un nouveau roman : Le crime du comte de Neville . Randy LOGé