13 questions à Eric Nunès, journaliste au Monde.

A l'occasion d'une réunion d'information sur l'orientation post-bac et la vie étudiante qui s'est tenue dans notre lycée le 5 février dernier, la rédaction du JDL a rencontré Eric Nunès, journaliste du Monde . Ce dernier était dans nos murs pour un reportage sur le fonctionnement d'APB (Admission Post-Bac) et les difficultés que peuvent rencontrer les élèves lors de la formulation de leurs souhaits d'orientation. Il a gentiment accepté de répondre à nos questions. JDL : Bonjour M. Nunès. Quel est votre rôle au journal Le Monde? Eric Nunès : Je suis rédacteur multi-médias. Concrètement, je dois d'abord trouver des idées de sujets, les proposer, les élaborer, faire une enquête et enfin rédiger des articles, avec photos et parfois vidéos. JDL :  Réalisez-vous vos articles seul ou à plusieurs? E. N. : Nous travaillons seuls la plupart du temps mais il arrive que nous fassions  des "quatre mains" sur un sujet (c'est-à-dire que le sujet peut être traité à deux). Nous nous répartissons les différents sujets de recherche, nous menons l'enquête et chacun écrit sa partie. Nous réfléchissons à deux pour faire un article qui se lit d'une traite. Aujourd'hui, par exemple,je travaille seul. JDL: Cet article sur APB est un sujet imposé par votre rédaction ou qui vous tient à cœur? E.N. : Les sujets sont discutés, chacun apporte sa spécialité, son domaine. Il faut avoir un réseau d'information. On propose les sujets en conférence de rédaction. Ces conférences se font par services (politique, sport, culture,etc...), et c'est le chef de service qui tranche. Ensuite on enquête sur le sujet qu'on doit traiter et on passe à la rédaction. Une conférence de rédaction, c'est un "brainstorming" collectif. JDL: Avez-vous exercé d'autres métiers que le journalisme? E.N. : Non. J'ai fait des petits boulots d'étudiants. Mon premier job était celui de documentaliste et après j'ai très vite commencé à travailler comme rédacteur. JDL : Depuis combien de temps êtes-vous journaliste? E.N. : Je suis journaliste depuis 1995. Eh! oui, je me fais vieux! JDL : Vous n'avez pas encore l'air bon pour l'hospice, vous êtes encore jeune! (Rires). Quel cursus avez-vous suivi pour devenir journaliste? E.N. : J'ai fait une maîtrise d'Histoire à la Sorbonne puis j'ai passé mon diplôme de journalisme dans une école de journalisme. JDL : Pourquoi faire un article à propos de l'orientation des Terminales? E.N. : APB est un sujet d'actualité. C'est là que les jeunes se retrouvent dans le grand bain de l'orientation. Chaque année, c'est le même dilemme pour les Terminales. Cela concerne des centaines de milliers de lycéens, plus les parents, plus les grands-parents. Cela fait beaucoup de lecteurs qui veulent comprendre, s'informer pour leurs enfants et petits-enfants. C'est redondant, ça concerne beaucoup de monde et c'est très complexe. Mon travail est de vulgariser l'information sur l'orientation. Le 20 mars, c'est la première "dead line" pour les choix qui sont à faire. Aujourd'hui nous sommes le 5 février, c'est pas encore le sujet qui va monter mais à la dernière minute (dans 2 ou 3 semaines) on prévoit des articles pour expliquer le fonctionnement aux lecteurs. L'article sur ce qui se passe aujourd'hui ici sera publié très vite. Là, je suis en reportage, c'est quelque chose de chaud, on est vendredi et dès lundi je dois publier l'article. Je peux aussi mettre d'autres articles en lien avec celui-ci, on "link" par lien sur le site internet du "Monde". Le site est une encyclopédie sur différentes thématiques liées (par exemple) à APB (pour avoir toute l'information nécessaire). On informe et on garde notre lectorat. JDL: Avez-vous assisté à cela dans votre lycée à votre époque? E.N. : Non, APB n'existait pas à cette époque. JDL : Avez-vous été aidé en ce qui concerne votre orientation à l'époque dans votre lycée? E.N: Sincèrement, non. Je n'en ai pas le souvenir. JDL: Peut-on dire que l'orientation est meilleure depuis ces 10 dernières années? E.N : Je ne peux pas répondre. Tout ce que je peux dire, c'est que le Lycée Schuman est neuf. J'ai discuté avec l'équipe pédagogique. Il y a une Terminale S qui a dit qu'elle a assisté à trois réunions d'information sur APB. J'ai le sentiment que vous êtes bien pris en mains. JDL : Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui veulent devenir journalistes? E.N : Personnellement, je suis passé par l'Université puis par une école de journalisme. La plupart des gens rentrent dans un cursus assez classique : une grande école de journalisme précédée parfois par Sciences Po. D'un côté, on peut tous être journalistes et de l'autre il y a quand même une voie royale pour être dans un grand journal. Le plus simple aujourd'hui, c'est de passer par une grande école. Ce n'est pas obligatoire mais c'est presque incontournable. Ce n'était pas le cas, il y a vingt ans. JDL: La France ne voit-elle pas que les diplômes? E.N : Il est vrai que l'excellence académique est la voie privilégiée, que ce soit pour le journalisme ou pour les autres domaines. JDL : Vous nous avez dit qu'il y avait un bon encadrement dans ce lycée. Est-ce la première réunion de ce type à laquelle vous assistez? E.N : J'ai déjà assisté à une réunion d'information organisée par l'Association PLUS en 2016 mais c'est la première à laquelle j'assiste qui est essentiellement consacrée à APB. Propos recueillis par Randy Logé ________________________________________________________________________ Quelques impressions personnelles... A travers cette interview, on sent bien que l'aspect "commercial" de la démarche du reportage est mis au premier plan (le sujet ici choisi est une valeur sûre qui va réunir des centaines de milliers de lecteurs sur le site du journal "Le Monde"). Le but principal reste quand même d'informer les personnes concernées sur le sujet. Pour en revenir au sujet même de l'orientation, il est bien connu que la France avec ses institutions et ses entreprises, donne une (trop?) grande importance aux diplômes mais on sent que c'est encore tabou de dire que la France est un pays élitiste qui accorde moins d'importance à l'expérience et aux autodidactes qui peuvent parfois faire peur. Eric Nunès nous dit à demi mots qu'il est quasiment incontournable, de nos jours, de passer par "La voie royale" (les grandes écoles) pour devenir journaliste dans un grand journal et que cela n'était pas nécessaire "il y a vingt ans". Que doit-on en déduire? Je laisse à nos lecteurs le soin de faire leur propre analyse de cette situation. Randy Logé